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Les polémiques sur la loi du 23 février 2005 et sur son article 4 (1) ont occulté le lent mûrissement de ce texte, sa préparation minutieuse par des groupes organisés ainsi que la mention, au cours de sa gestation, du projet de mémorial qui devrait ouvrir ses portes à Marseille début 2007, reflétant également cette volonté d’imposer une lecture de l’histoire. En effet, ce vieux plan, originellement municipal et émanant de plusieurs associations de rapatriés, auquel l’Etat s’est associé tardivement, est soutenu dans un projet de loi présenté à l’Assemblée nationale le 10 mars 2004, au nom du premier ministre, avec un exposé des motifs particulièrement clair : « Durant sa présence en Algérie, au Maroc, en Tunisie ainsi que dans les territoires anciennement placés sous sa souveraineté, les apports de la France ont été multiples dans les domaines scientifiques, techniques, administratifs, culturels et aussi linguistiques. (...) Reconnaître l’œuvre positive de nos compatriotes sur ces territoires est un devoir pour l’Etat français : ce sera notamment la vocation du mémorial de la France d’outre-mer. » Confrontés à cette équivoque très actuelle entre histoire et mémoire, certains historiens ont préféré garder leurs distances avec ce qui offre toutes les apparences de la construction d’une mémoire partielle de l’histoire coloniale, d’autres membres du Conseil scientifique ont fait le choix de tenter d’infléchir ces orientations de l’intérieur pour éviter les affects de la mémoire et ce qui, initialement, ressemble à une « thérapie politique ». L’historien Daniel Hémery avait vu juste lorsque, dès 2001, il écrivait, à propos de ce mémorial, qu’il était certes « socialement nécessaire qu’une initiative officielle contribue à faire réfléchir à la fois l’opinion publique d’une nation héritière de la colonisation, comme l’est la France, et les nouvelles nations issues de cette colonisation ». Et il ajoutait : cette entreprise « ne peut qu’être contradictoire, comme l’est tout dialogue scientifique et culturel, même s’il n’est nullement question de le borner en l’occurrence à un “nouvel éloge du colonialisme” ou à un “nouveau procès de la colonisation” ». Il concluait en annonçant son retrait de ce projet (2). Parallèlement, la mairie et certains mouvements associatifs tentent d’être les véritables « maîtres d’œuvre » du mémorial de Marseille. Situation similaire dans d’autres projets, comme celui de Montpellier, par exemple. La difficulté à reconnaître l’histoire coloniale comme partie intégrante de l’histoire nationale depuis la fin de la guerre d’Algérie émerge sous forme d’un débat majeur. L’article 4 de la loi du 23 février 2005 porte les traces de mémoires partisanes, et donne le sentiment qu’une forte majorité de parlementaires impose une vision de l’histoire contre une autre. Ce vote répond aux revendications de plusieurs lobbies, déjà décelables dans le rapport préparatoire remis en septembre 2003 à M. Jean-Pierre Raffarin par M. Michel Diefenbacher, député de Lot-et-Garonne. Celui-ci énonce clairement les revendications des associations de rapatriés quant à l’enseignement de l’histoire coloniale. S’adossant à ces revendications, le législateur revendique un contrôle gouvernemental sur l’écriture de l’histoire, puisqu’il est précisément prescrit que « le ministre de l’éducation nationale » exerce un « droit de regard sur le contenu des manuels mis entre les mains des élèves et des maîtres » avec « la participation du monde associatif à cette réflexion, aux côtés des chercheurs, des historiens et des enseignants ». On ne peut que constater le mélange des genres, lorsque l’écriture de l’histoire n’appartient plus aux historiens, mais à la fois à l’Etat et aux associations directement liées (et souvent douloureusement) à ce passé, et qui en dénoncent l’« enseignement orienté » présentant, selon elles, trop négativement la colonisation. La plus élémentaire déontologie historienne est purement et simplement niée, puisque c’est désormais une « vérité officielle » qui doit apparaître, formulée par des mots très clairs dans le premier article de la loi du 23 février 2005 : « La nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l’œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d’Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française. » En fait, la loi de février 2005 n’arrive pas par hasard. Certains parlent d’un vote à la va-vite (y compris par le Parti socialiste) sous la pression de quelques élus afin de satisfaire l’électorat pied-noir ; d’autres soulignent, au contraire, que cette loi trouve sa genèse dès 2003. Elle n’est que la partie visible d’un mouvement beaucoup plus profond de reprise en main de l’histoire coloniale, et de l’établissement d’une mémoire qui va bien au-delà d’un simple rappel du passé et vise à réaffirmer un certain nombre de valeurs, au moment où la France traverse une crise identitaire, notamment à l’égard de son modèle d’intégration. Un retour sur les projets antérieurs permet en effet de déceler les différents indices d’un courant plus large que celui qu’on imagine de prime abord. Précédant le rapport de M. Diefenbacher, un premier projet de loi avait été déposé le 5 mars 2003 par plus de cent députés, avec à leur tête M. Jean Léonetti et M. Philippe Douste-Blazy, proposant un article unique : « L’œuvre positive de l’ensemble de nos concitoyens qui ont vécu en Algérie pendant la période de la présence française est publiquement reconnue. » Ce texte n’a pas abouti, en raison de l’absence de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus. Ces termes « œuvre » et/ou « positif » ont été maintes fois repris lors des nombreuses interventions au sein des commissions, dans des rapports et lors de séances publiques. Ils apparaissent régulièrement et ne sont pas l’apanage d’un parti politique puisque M. Kléber Mesquida, député socialiste, déclarait au début de son intervention en séance publique, le vendredi 11 juin 2004 : « Permettez-moi donc de saluer tous ces compatriotes qui ont contribué à l’œuvre civilisatrice de la France. » Or, en septembre 2003, le rapport établi par M. Diefenbacher comportait un double titre, lui aussi révélateur, qui aurait pu alerter les parlementaires : « Parachever l’effort de solidarité nationale envers les rapatriés. Promouvoir l’œuvre collective de la France outre-mer. » Ce rapport reprend le vocabulaire et surtout l’argumentation qui faisaient la grandiloquence des slogans impériaux articulés autour de la mission civilisatrice et de la grandeur nationale. La résurgence de la mythologie de l’épopée coloniale est sans nuance : « La France avait demandé à ses fils les plus intrépides d’assurer son rayonnement par-delà les mers : avec courage, avec enthousiasme, avec ténacité, ils l’ont fait. Les terres ont été mises en valeur, les maladies ont été combattues, une véritable politique de développement a été promue. » L’objectif d’une histoire complète n’est pas d’attiser les discours particularistes, mais au contraire de transcender les mémoires – y compris les mémoires blessées, les souffrances de tous, sans oublier celles des harkis et des rapatriés d’Afrique du Nord ou de l’ex-Indochine – pour étudier et enseigner l’histoire de la colonisation dans toute sa complexité, quel qu’en soit le coût pour les représentations que les uns et les autres se font de l’histoire. L’histoire officielle qui se met en place ne peut qu’aggraver le conflit des mémoires qui déchire la société française, elle ne peut qu’amener à rejouer éternellement la partition usée des « colonialistes » contre les « anticolonialistes », hagiographes contre détracteurs, nostalgie contre repentance. Défendre à tout prix une « version positive », sans reconnaître les aspérités, les reculs et la négation de certaines valeurs républicaines dans l’acte colonial, ne peut contribuer ni à apaiser ni à progresser. Il ne s’agit pas de repentance, d’excuses ou de demande de pardon, mais tout simplement d’histoire ! Mais quand la politique de commémoration s’insinue dans la mission de l’école, lorsque la mémoire et la politique imposent, par la loi, une lecture de l’histoire, on doit s’interroger à la fois sur le statut de la discipline historique dans la société et sur la mission attribuée aux enseignants. On doit aussi s’opposer – par principe – à une telle pratique, qui, jusqu’alors, était celle de régimes non démocratiques ; comme l’ont fait les historiens et les enseignants au cours de l’année 2005 dans de nombreux appels et pétitions (3). Avec le maintien de cet article de la loi de février 2005, c’est non seulement l’image de la France que l’on écorne mais également ses valeurs que l’on érode, car un pays ne peut que sortir grandi de la pleine reconnaissance de son parcours historique... Sandrine Lemaire Formidable chaos des monts fauves du Haut Atlas du Maroc, immensités vides jusqu’au vertige des ergs, des regs et des hamadas, lacs asséchés, oueds fantômes, gorges et canyons… Le Grand Sud du Maroc, c’est la rencontre entre le monde vertical de la montagne et celui, horizontal, du désert. C’est le règne sans partage du minéral, le temps pétrifié sous des ciels impassibles, la brutalité nue de la Terre d’avant la vie… Pourtant, des hommes ont fait leur cet univers. De sols maigres inlassablement travaillés, de sources du Maroc parcimonieuses et de puits du Maroc creusés dans la pierre, ils ont fait jaillir des oasis du Maroc ; de leurs mains, ils ont pétri des villes et des citadelles de glaise ; et de ces steppes d’herbes rêches qui parfois triomphent du désert, ils ont fait des pâturages où broutent leurs chèvres et leurs dromadaires. Quelques tentes noires plantées au creux des dunes, une caravane qui surgit du néant avant de s’y engloutir de nouveau, un petit berger assoupi à l’ombre d’un tamaris, au loin comme un mirage brouillé, la tache verte d’une palmeraie… Là est le prodige : de ces espaces désolés que les mystiques font appartenir à Dieu seul, des humbles parmi les humbles ont su faire un lieu de vie. Un désert vivant…

 

 

 

 

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